Acrobates, harpies et lions
Pour se laver du sévère regard du Christ Pantocrator de la cathédrale de Cefalù, plonger dans l’imagerie des chapiteaux du cloître. Bestioles et humanité en liberté.
Pour se laver du sévère regard du Christ Pantocrator de la cathédrale de Cefalù, plonger dans l’imagerie des chapiteaux du cloître. Bestioles et humanité en liberté.
Dans la demeure seigneuriale renaissance de cette ancienne baronnie du Périgord, après avoir saluer les grotesques de crédences XVIe, s’installer dans le salon d’apparat, sous son exceptionnel plafond peint à la française. C’est ici que Brantôme courtisa sans succès la vertueuse Jacquette de Montbron, dame architecte du Périgord et de l’Angoulémois.
« Sur tous les Arts, elle ayma fort la Géométrie & Architecture, y estans très-experte & ingénieuse, comme elle a bien fait paroistre en ce superbe édifice & belle maison de Bourdeille, qu’elle fit batir de son invention et seule façon, qui est très-admirable. »
De Bourdeilles, on appréciera aussi son château médiéval (le donjon se grimpe), son vieux pont sur la Dronne, sur les berges de laquelle on pique-niquera les orteils au frais, son moulin et une chouette auberge (en saison, glaces et sorbets artisanaux), où locaux et gens de passage regardent la vie avancer à petits pas.
Pour le prix de quelques centaines de canards gras ou de trois tracteurs, des maisons sont à vendre au centre-bourg. Elles attendent sereinement l’arrivée du prochain baron de Bourdeilles.
La visite d’un des plus beaux villages du monde est toujours une expérience éprouvante. Mais comment l’éviter ? Passant dans le coin, il faut en passer par là.
Oia dynamite cette catégorie. Exponentialise l’expérience. Traversant Oia, on trouvera des studettes ripolinées de frais, du patrimoine bâti à terre, des piscines-garages, une armée de peintres en blanc, des nuées de perches à selfie, beaucoup de monde, quelques ânes pensifs.
Pour se remettre, prendre un verre dans la cour-jardin de Vineyart, ils ont de bonnes bouteilles de Santorin et sont gentils comme tout.
Si l’architecture militaire écossaise ne vous passionne pas outre mesure, les portraits en médaillon du château royal de Stirling sont plus qu’un dérivatif . Sculptés au XVIe siècle, perdus, retrouvés, restaurés, ils incarnent divinités, rois, reines et roturiers en une époustouflante galerie de visages.
La reconstitution in situ du plafond d’origine met en scène des copies peintes, restituées d’après les restes de pigment décelés sur les originaux. On notera une différence sensible de talent entre les sculpteurs du règne de Jacques V et notre contemporain. Ou bien est-ce un effet de la colorisation ?
En L3C3, les physionomistes auront reconnu Madeleine de Valois, fille de François 1er. De santé fragile, l’humide climat écossais l’emporta en trois mois.
A peine elle sautoit en terre du navire
Pour toucher son Ecosse & saluer le bord,
Quand en lieu d’un Royaume elle y trouva la Mort.
Ny larmes du mary ny beauté ny jeunesse,
Ny voeu ny oraison ne flechist la rudesse
De la Mort qu’on dit fille à bon droict de la Nuict,
Que ceste belle Royne avant que porter fruict,
Ne mourust en sa fleur : le poumon qui est hoste
De l’air qu’on va souflant, luy tenoit à la coste.
Epitaphes de divers sujets, Pierre de Ronsard
Jusqu’au 25 septembre 2016, un chef d’œuvre de l’art celte, le fascinant chaudron en argent de Gundestrup, est en séjour linguistique au National Museum of Scotland (Edimbourg). Après cette date, il faudra se rendre à Copenhague pour déguster une soupe au griffon et à l’éléphant à la table de dieux défunts.
Par Kim Bach — Travail personnel, CC BY-SA 3.0,
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15255879
« Celts », National Museum of Scotland
www.nms.ac.uk/celts
Lève-toi pauvre humanité !
Sors de la nuit profonde :
L’aurore de la Liberté
Luit enfin sur le monde.
Lève-toi, brise tes fers,
Dieu t’a donné l’Univers.
Marchons, prenons nos places
Au banquet de l’égalité,
En avant les Voraces !
Vive la liberté !
…
9 place Colbert,
Lyon
Comment décrire la Loge de la soie ? D’autres avant nous s’y sont essayés et ont échoué. Voici leurs dernières paroles :
“… des gargouilles à fortes saillies, des panneaux de porte qui ont conservé jusqu’à leur peinture rouge, leurs vigoureuses moulures et leurs encadrements, des pentures, des ferrures richement travaillées, sont autant d’éléments restés épars sur toute la surface, qui nous ont paru devoir être recueillis pour chercher à reproduire à l’imagination un ensemble inabordable à la gravure. Nos choix étant déterminés par le but pratique, il ne se pouvait guère que nous nous arrêtassions à un type trop chargé de détails. En parler avec une juste admiration était la seule tâche que nous eussions à nous imposer : faire plus, nous ne le pouvions, si ce n’est présenter le plan de la halle aux soies proprement dite, et celui de ses annexes les plus importantes.” (Architecture civile et domestique au Moyen âge et à la Renaissance)
Faisons silence et honorons leur mémoire.